AAD et covid-19 : Communiqué commun APAAD/ANSFL

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ACCOUCHEMENT À DOMICILE DANS LE CADRE DE L'ÉPIDÉMIE COVID-19
Note d’Information à destination des professionnels et des familles

L’Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile (APAAD) et l’Association Nationale des Sages-Femmes Libérale (ANSFL) souhaitent, dans ce contexte de crise sanitaire, apporter leur soutien aux familles s’apprêtant à accueillir un enfant dans des conditions anxiogènes. Elle a également une pensée particulière envers les équipes hospitalières confrontées à de nombreuses difficultés au sujet de l’organisation du suivi des femmes enceintes, de l’accouchement et du suivi post-natal.

Nous avons été alertés sur le fait que la plupart des sages-femmes libérales, accompagnant ou non des accouchements à domicile (AAD), sont sollicitées bien plus largement que d’habitude pour des demandes d’AAD de femmes à terme dans un délai proche.

Comment réagir à l’augmentation exponentielle des demandes ?

Nous rappelons que la sécurité de l’Accouchement Accompagné à Domicile (AAD) est basée en grande partie sur le suivi global, la sélection anténatale rigoureuse des patientes, la connaissance fine des besoins émotionnels de chaque femme. Dans le contexte actuel, nous ne pouvons répondre de façon sécuritaire à toutes les  demandes notamment si  le délai avant l’accouchement est court et ne permet, ni suivi adéquat, ni une préparation à la naissance adaptée. Nous appelons donc à la vigilance des sages-femmes mais invitons également les familles à une réflexion approfondie sur leurs motivations et leurs besoins.

Pendant cette période d'imprévisibilité entourant la pandémie mondiale de COVID-19, de nombreuses femmes enceintes ressentent une anxiété compréhensible sur ce à quoi ressemblera l'accouchement. Nous nous adressons en particulier aux familles qui envisagent un AAD du fait de l’interdiction des personnes accompagnantes dans les maternités et de la limitation de leur projet de naissance. Cette mesure tend à s'assouplir.  L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est positionnée afin que le respect du droit des femmes - et notamment celui d’être accompagnées et de choisir comment accoucher - soit compatibles avec la lutte contre le coronavirus (1). En France, une équipe de soignants strasbourgeoise a élaboré un protocole afin que la/le partenaire puisse à nouveau être auprès des parturientes (2). Il est actuellement diffusé sur tout le territoire par le Collectif Interassociatif Autour de la Naissance (CIANE).

Nous affirmons notre confiance aux professionnels de santé des maternités et savons qu’ils feront au mieux pour respecter les souhaits des couples tout en s’adaptant à une situation sanitaire exceptionnelle. Si vous trouviez que l'hôpital était l'endroit le plus sécuritaire pour accoucher avant l'épidémie, cela devrait toujours être le cas maintenant.

Anticiper une possible augmentation des accouchements inopinés ou non assistés

Néanmoins, au-delà du problème de l’accompagnant, certaines femmes nous font part de leur refus d’accoucher à l’hôpital du fait de la crainte d’une contamination et du manque de matériel de protection.  Malgré nos mises en garde sur l’accouchement non assisté et notre refus de les accompagner dans un projet d'AAD quand les conditions de suivi ou d’organisation ne sont pas remplies certains couples persistent dans leurs choix. Cela laisse présager une augmentation des accouchements inopinés ou non assistés pour lesquels des sages-femmes pourraient être appelées.

La situation selon les régions étant très inégale et dépend de l’impact de l’épidémie sur le réseau de soin local, nous ne pouvons donc pas prendre un positionnement global. Nous invitons donc chaque sage-femme selon son lieu d’exercice, à s’informer sur la disponibilité des équipes de secours mobiles et sur le positionnement des autorités locales (Agence Régionale de Santé et Réseau Périnataux), pour prendre les décisions les plus appropriées quant au maintien ou non de son activité d’AAD programmés durant le pic épidémique.

Du fait de nos compétences spécifiques en gestion des urgences extrahospitalières, il semble de notre responsabilité d’épauler les services d’urgence si la situation d’une augmentation des accouchements inopinés à domicile venait effectivement à se présenter. Nous encourageons donc nos collègues sages-femmes libérales (accompagnant des AAD ou non), si elles en ont la possibilité, à se mettre en lien avec les pompiers de leur secteur afin de pouvoir se déplacer avec eux pour les accouchements.

Gestion des accouchements à domicile programmés en période épidémique

Dans cette période sanitaire particulière nous attirons l’attention des sages-femmes sur :

  • Leur devoir d’information des couples suivis pour un AAD, notamment sur les difficultés potentielles en cas de transfert urgent dans ce contexte où les équipes de secours mobiles sont sur-sollicitées. Ainsi, le couple pourra faire un choix éclairé concernant le lieu d’accouchement. Cette décision concertée devra être tracée dans le dossier médical.
  • Chacun-e devra vérifier régulièrement - voir avant tout départ pour une naissance - la disponibilité des secours mobiles dans son secteur d’intervention.
  • Selon le Royal Collège of Obstetricians and Gynaecologists (3) il est conseillé aux femmes enceintes ayant prévu un accouchement à domicile et dont l’infection par le coronavirus est suspecté ou confirmé au moment de la mise en route du travail, de se présenter dans une maternité pour l'accouchement. Cela afin de mettre en place un monitorage continue de l’activité cardiaque du fœtus et un contrôle régulier de la saturation maternelle dans le but de prévenir et anticiper le risque de complications sévères liées à la décompensation de plusieurs organes.
  • Les sages-femmes et les familles devront appliquer les mesures barrières et les recommandations de nos différentes sociétés savantes et notamment celles du Collège National des Sages-Femmes (4) et de la Société Française de Néonatologie (5). Celles du Collège Nationale des Gynécologues Obstétriciens Français (6) ne s’appliquant qu’aux cas suspects ou confirmés dont nous recommandons un transfert en maternité, ne concernent pas les AAD.

Selon l’évolution de la situation et comme nous le montre les autres pays touchés, la place de l’accouchement à domicile est amenée à évoluer. Ce positionnement pourra donc être modifié au besoin selon l'évolution de la situation épidémique et des données probantes.

 

« Contre le Coronavirus, tous ensemble on est plus forts ! ».

 

  1. Organisation mondial de la santé. “Questions et réponses sur COVID-19, la grossesse, l'accouchement et l'allaitement” ; 18 mars 2020
  2. Hopitaux Universitaires de Strasbourg ; P. DERUELLE -N. KNEZOVIC ; GO-Prise en charge coordonnée avec les sages-femmes libérales des femmes enceintes dans le cadre du COVID-19 ; 20 mars 2020
  3. Royal college of obstetricians and gynaecologists. “Coronavirus (COVID-19) Infection in pregnancy”; 21 mars 2020
  4. Sellier et coll. “Guidelines du CNSF pour la pratique des Sages-Femmes par rapport au risque Covid-19” ; Mars 2020
  5. Société française de néonatologie. “Recommandations de la SFN concernant les nouveaux-nés dans le contexte de l’épidémie à Covid-19”; Mars 2020
  6. Picone et coll. “Prise en charge aux urgences maternité d’une patiente enceinte suspectée ou infectée par le coronavirus (COVID-19)” ; CNGOF ; 17 mars 2020

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