Pénurie générale

Les alertes se multiplient sur le manque crucial de sages-femmes dans les maternités.

Cette réalité inquiétante est régulièrement expliquée par la fuite vers l’exercice libéral. Le 22 juin, dans un reportage du journal de 20h de France 2, le Dr Stéphane Bounan, chef de service de la maternité de l'hôpital Delafontaine, explique ainsi l'impossibilité de recruter des sages-femmes (seuls 63 des 91 postes sont pourvus) “La consultation en libéral permet de faire aussi notre métier mais dans une ambiance beaucoup plus calme sans travailler la nuit, sans travailler les week-end et souvent avec des rémunérations qui sont supérieures”.

Ces affirmations nécessitent quelques mises au point.
Les libérales ont des plannings chargés, sont d’astreinte sans indemnité pour les week-end et jours fériés et doivent s’adapter en permanence pour assurer les soins non programmés (demande de consultations en urgence, sorties de maternité à voir dans les 24 heures, suivi de grossesses pathologiques non différables…)
Et n’oublions pas les sages-femmes proposant un accompagnement global de la naissance qui se rendent disponibles à tout moment pour les accouchements en maison de naissance, plateaux techniques ou à domicile.

Côté rémunération, rien de reluisant non plus. Lors de notre enquête sur la “face noire du libéral”, réalisée en 2017, 60 % des sages-femmes déclaraient un revenu horaire net inférieur à 16 €, dont 24 % inférieur à 10 € !

Enfin, le manque de professionnelles touche également le secteur libéral. Dans notre enquête sur la pénurie de sages-femmes libérales, 80.5% n’ont pas trouvé de remplaçante pour cet été ! Et depuis un an, seules 26.5 % des recherches d’association ou de collaboration ont abouti, dont 60 % au bout de plus de 6 mois de recherche !

Alors, où sont les sages-femmes ? N’est ce pas l'attractivité de ce métier - tout mode d’exercice confondu - qu'il faut questionner ? Notons que pour la première fois, les promotions d’étudiant.e.s ne sont pas complètes.

Plutôt que de désigner de potentielles coupables, c’est l'ensemble de la périnatalité qui mérite d’être réorganisée, en optimisant l’utilisation des compétences de tous les intervenants, et en reconnaissant et valorisant la place essentielle des sages-femmes dans cette organisation.

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